"Projet Pérou 2012" donnait au projet une entité purement géographique, et assez banale, nous avons donc décidé de renommer le projet:
"Jeux m'épanouis"
un titre plus en accord, exprimant mieux notre désir de sensibiliser et de participer, le temps de cinq semaines au développement psychomoteur des enfants de Tankarpata.D'ailleurs, entre la création du projet en 2011, le premier partenaire avec qui nous devions monter le projet, et celui actuel, nos objectifs ont (heureusement) évolué. En effet, nous essayons de nous adapter au contexte de la ville et la problématique des enfants que nous allons rencontrer pour définir nos objectifs.
Nous nous sommes notamment intéressées à la place du corps. Quel(s) rapport(s) les habitants de Tankarpata entretiennent ils avec leur corps?
A Tankarpata, le corps est avant tout un outil de travail pour effectuer les tâches de la vie quotidienne et faire vivre la famille.
Alcoolisme, comportements violents, rapport à
l’hygiène et alimentation compliqués, le respect du corps ne semble pas
toujours évident.
Non inscrit dans la culture (en tout cas, pas de la façon dont nous pouvons la considérer dans les pays occidentaux), la notion de « prendre soin de soi » parait par ailleurs assez difficile lorsqu'il n’est déjà pas possible d’assouvir les besoins
fondamentaux de base.
Les enfants semblent d'autre part peu conscients de
ce qu’ils peuvent exprimer et des messages qu’ils peuvent faire passer par
l’expression corporelle. Ils méconnaissent leur corps, ses limites, et il
n’est pas courant dans la culture Péruvienne de prêter attention aux ressentis et sensations qu’il
procure.
Nos objectifs
Favoriser l’épanouissement des enfants à travers le jeu
Winnicott désigne
le jeu comme signe de la « bonne santé mentale » de l’enfant : « Si un
enfant joue, peu importe la présence d’un symptôme ou deux : (…) il n’y a au
fond rien de grave (…). Le jeu montre que l’enfant est capable de vivre et de
devenir finalement un être humain complet. »
Le jeu est indispensable
au bon développement de l'enfant. Il est un prétexte dans l'acquisition des
quatre apprentissages fondamentaux:
- Le savoir : le jeu avec l'adulte est une occasion unique d'apport de connaissances dans tous les domaine
- Le savoir-faire : la pratique, la mise en œuvre et le geste.
- Le savoir-être : apprentissage d'un comportement lui permettant de s'intégrer dans le monde
- Le vouloir-faire : sans envie il ne peut y avoir d'apprentissage et d'évolution.
Les enfants de Tankarparta ont peu de temps pour eux,
pour jouer et se faire plaisir. Nombreux sont ceux qui doivent cumuler école et
travail pour nourrir la famille. Dans ce contexte, nous souhaitons mettre à
disposition des enfants, un temps où ils pourront jouer, interagir, prendre plaisir,
découvrir, tisser des liens…
Favoriser et solidifier les relations
sociales entre les enfants
Issus de familles où la communication
est pauvre, et la violence courante, de nombreux enfants de Tankarpata ont des
difficultés relationnelles. Les échanges entre eux ne sont pas toujours
simples, beaucoup ne savent pas trouver le bon ajustement relationnel et s’emportent
facilement ou en viennent aux mains. La communication n’est pas facile, et pour
la plupart des enfants il n’est pas aisé de s’exprimer avec les autres.
Dans nos ateliers, nous souhaitons instaurer
un espace d’expression, de partage, d’écoute, de respect et d’entraide autour
d’une même activité. Qu’il s’agisse de réaliser une grande toile de peinture
tous ensemble, ou de créer une composition musicale, ces médiations sont le
moyen d’amener les enfants vers une cohésion de groupe, un esprit d’équipe, tous uni dans la même activité.
L’expression sera ainsi présente sous
toutes ses formes : expression verbale à la fin et au début des séances (nous
prendrons en effet le temps de faire un temps de parole, où chacun sera libre
d’y déposer ce qu’il souhaite) ; et expression artistique, expression
corporelle… lors de l’activité en elle-même.
Encourager, valoriser le potentiel de
chacun
Manque de confiance en soi, mauvaise
estime de soi, les enfants de Tankarpata sont nombreux à souffrir d’une mauvaise image d’eux-mêmes. Nous
espérons à travers les activités les aider à prendre conscience de leur
créativité, et développer leur imaginaire. Une
valorisation à la fois groupale et individuelle : quelle fierté et
quelle satisfaction d’avoir fait la grande toile de peinture affichée sur le
mur ! Un travail réalisé par l’enfant mais aussi tous ensemble, par le
groupe.
Solidifier le lien parent-enfant
Au Pérou, le taux important de mères
adolescentes est une préoccupation majeure. Tankarpata n'y échappe pas: comme dans d'autres villes, le taux des mères âgées de 11 à 19 ans est
trois fois plus élevé que dans le reste du monde.
Les enfants sont souvent le fruit de relations brèves, extraconjugales ou d'un viol, et les jeunes mères sont fréquemment abandonnées par le père. Psychiquement peu prêtes à assumer leur rôle de maman, cela entraîne parfois des carences
au niveau des soins, ou au contraire une surprotection inhibitrice dans le développement de l'autonomie.
Nous souhaitons mettre en
place des ateliers parent/enfant afin de créer un nouveau mode de
communication et un nouvel espace d’échange. Ils pourront se retrouver
ensemble grâce à ces activités et pourront apprendre à s’apprivoiser, s'écouter l’un et
l’autre.
Envisager ce
projet comme un véritable échange interculturel France-Pérou
- Dans un centre de loisirs Bordelais avec trois interventions :
• 1ère fois : expliquer et proposer aux
enfants d'élaborer un abécédaire sous forme de guirlande représentant pour
chaque lettre une caractéristique de la culture française.
• 2ème fois : récupérer
l'abécédaire et échanger avec les enfants. Nous remettrons ensuite l’abécédaire aux enfants péruviens et leur proposerons
d’en fabriquer un à leur tour, pour les enfants bordelais.
• 3ème fois : à notre
retour, rapporter l'abécédaire des enfants péruviens et réaliser du street-art
sur une grande toile avec les enfants français. Partager tous ensemble un
chant, un conte, ou une danse péruvienne que nous aurons appris là-bas.
- Au Pérou:
Nous avons comme projet de
faire du street-art sur une grande toile avec des bombes de peinture. Pour
cette production nous bénéficions d’une formation encadrée par un professionnel
du street-art : Blade. Ainsi, nous prendrons la production des enfants
Français en photo afin de la montrer aux enfants péruviens, avec qui nous
ferons également du street-art. De même, nous prendrons leur production en
photo afin de la montrer aux enfants du centre de loisirs Bordelais à notre
retour.
Nous souhaitons
ainsi montrer aux péruviens diverses pratiques françaises, à commencer par le rapport
au corps et la manière de penser l’enfant, à travers diverses activités, telles que les arts
plastiques et nos danses. Nous espérons, en retour, que les enfants et les
personnes qui les encadrent, partagent avec nous leurs outils d’expressions,
que ce soit sous forme d’arts plastiques, ou d’expression corporelle.... Ce
serait l'occasion pour nous d'apprendre de nouvelles possibilités de médiations
que nous pourrions utiliser dans notre métier mais aussi d'en faire profiter
les enfants du centre de loisirs par le biais du partage d’une danse, d’un
chant, d’un conte ou d’un plat typiquement péruvien.
A notre retour nous aimerions également, lors d’une
restitution, présenter aux étudiants de l’Université de Bordeaux 2 ce que nous
avons appris au Pérou sur le développement de l’enfant et leur culture. Mais
aussi, partager les paysages et les portraits péruviens qui nous auront touchées
par le biais d’un carnet de voyage.
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